LA VILLE DE MICHEL ROTH
Sarreguemines, Paris, Genève et aujourd’hui Metz : le chef Michel Roth a fait le tour du monde et recueilli tous les honneurs, mais c’est en Lorraine qu’il garde ses racines. En reprenant le buffet de la « plus belle gare de France » , baptisé Terroir de Lorraine, le chef étoilé retrouve la ville où il a fait ses premiers pas à l’école hôtelière. Il y propose une carte inventive pour les voyageurs de passage et un rendez-vous gastronomique qui vient allonger la liste des meilleures tables messines.
UNE SEULE IMAGE DE METZ ?
» Quand j’étais à l’école hôtelière, un peu en dehors de la ville, on se retrouvait toujours devant l’Arsenal, sur l’esplanade, sans raison particulière. Et j’y reviens maintenant car ma première visite à Metz est pour mon ami Christophe Dufossé, le chef du restaurant de la citadelle, le Magasin aux vivres. Depuis le vieil arsenal, il suffit de descendre quelques marches pour se retrouver au bord de l’eau et se promener sur les îles de la Moselle. »
QUE DITES-VOUS DE CETTE GARE SOMPTUEUSE, ÉLUE « LA PLUS BELLE » DE FRANCE ?
Qu’elle est vraiment étonnante. Dans les espaces publics et les commerces, il faut lever le nez et admirer les vitraux et les mosaïques. Si l’occasion se présente, visiter les salons de l’Empereur vaut la peine, avec leurs escaliers à colonnades, leurs plafonds boisés… J’aimerais pouvoir y organiser des événements.
UNE LUMIÈRE SUR LA VILLE ?
Ma préférence va à la tombée de la nuit. Quand Metz est illuminée, que ce soit vers l’arsenal, du côté de la cathédrale, de l’opéra ou de la gare, c’est très beau.
UN PRODUIT TYPIQUE ?
La mirabelle d’abord, le « soleil de la Lorraine », encore méconnue et pourtant… quoi de plus appétissant qu’une tarte aux mirabelles ?
C’est un fruit qui s’accommode du salé et se marie parfaitement avec le foie gras. Je pense aussi au vinaigre Melfor, longtemps fabriqué à Ars-sur-Moselle, mais qui vient de Mulhouse. Adouci par du miel et aromatisé avec des plantes, le Melfor est un produit que j’ai toujours connu chez moi sans qu’on y fasse vraiment attention, comme le chou kale, devenu très à la mode et paré aujourd’hui de toutes les vertus.
LA CULTURE À METZ
LE MUSÉE DE LA COUR D’OR
Il y a de quoi se perdre dans les salles du musée de la Cour d’or. C’est un véritable dédale, et c’est tant mieux. De petits escaliers en passages dérobés, dans une scénographie un peu hétéroclite, on découvre des merveilles révélées par des éclairages très réussis. La partie galloromaine se déploie dans un édifice thermal du IIe siècle, la sculpture lorraine médiévale est installée sous les voûtes d’un magnifique grenier du XVe siècle et le Plafond au bestiaire du XIIIe siècle, accroché bien en vue dans pas moins de trois salles, est admirable.
LE CENTRE POMPIDOU-METZ
La grand-voile du Centre Pompidou-Metz flotte sur la ville depuis 2010. Très vite, le musée s’est inscrit fortement dans le paysage culturel de la cité et de la Grande Région. Avec comme fer de lance les 100 000 pièces des collections du Musée national d’art moderne, les expositions du « Pompidou-Metz » attirent les visiteurs dans le quartier en plein développement de l’Amphithéâtre.
L’ART CONTEMPORAIN
Direction 49 Nord 6 Est vers le Fonds régional d’art contemporain : en prenant comme surnom les coordonnées géographiques de l’édifice qui l’accueille, le Frac Lorraine veut s’effacer devant l’histoire de l’hôtel Saint-Livier, un des plus anciens bâtiments de la ville, à deux pas de l’église des Trinitaires. Les installations les plus actuelles se trouvent cependant très à l’aise dans cette demeure historique et suscitent des rencontres régulières sur la création artistique. En réseau au sein du LoRa (Lorraine réseau art contemporain), le Frac voisine avec plusieurs galeries, dont le centre d’art Faux mouvement, la Conserverie, l’appartement Octave Cowbell et la galerie des Jours de lune. Autant de lieux qui offrent à Metz un agenda artistique bien rempli.
LA CITÉ MUSICALE
Metz est le berceau de l’Orchestre national de Lorraine, promu à ce niveau d’excellence en 2002. Il se produit régulièrement dans la très belle salle de l’Arsenal, dessinée avec une grande sobriété par Ricardo Bofill et qui offre une acoustique remarquable. Jazz et chanson trouvent leur public dans le caveau et la chapelle de l’église des Trinitaires, tandis que les musiques amplifiées ont un écrin signé Rudy Ricciotti dans le quartier de Borny. Toute cette machinerie musicale est regroupée dans une même institution, la Cité musicale-Metz, qui donne à la capitale une tonalité très « musique ».
LE JARDIN BOTANIQUE
Dans le réseau trans-frontalier des Jardins sans limites, le jardin botanique de Metz est un des plus anciens. On y trouve plusieurs arbres plantés lors de la création, il y a près de 150 ans. Illustrant les différentes époques de l’histoire du paysage, il est très aimé des Messins et constitue le point de départ d’une promenade verte qui serpente le long des rives de la Moselle et des berges du plan d’eau.
LE GOÛT DE METZ
LA QUILLE
Les tonneaux postés devant la façade donnent le ton. Dans ce temple du vin, Emmanuel Ruiz dégoupille de nombreuses quilles à tendance biodynamique et nature, escortant l’affaire de quelques planches bien senties.
03 87 66 76 57
LE CHAT NOIR
Méfiez-vous du nom : dans un intérieur aux tons or et brun, le chef Alexandre Monce sert une sérieuse bistronomie. Entre le tataki de thon rouge mariné au yakitori et une bohémienne de filet de rouget au thym citron, la maison a plutôt tendance à porter bonheur.
Menus : 33-59 €
03 87 56 99 19
LA VOILE BLANCHE
Une jolie table qui s’expose dans le Centre Pompidou. Cornaquée par le chef étoilé Éric Maire, cette Voile navigue entre terre et mer avec des ris de veau braisés ou des palourdes farcies au beurre persillé et coulis de tomates.
Formule déjeuner : 20 € – Carte : 45 €
03 87 66 66 45
L’ÉPICURIEN
Entre la cheminée et les pierres, on prend le temps de vivre au rythme d’assiettes solidement accrochées au terroir : salade d’asperges de Montigny-lès-Metz ou filet de saint-pierre poêlé et arrosé d’une pétillante sauce au champagne.
Menu : 30 €
03 87 36 69 11
LE MAGASIN AUX VIVRES
Installée dans l’ancienne citadelle, la table de Christophe Dufossé est la seule étoilée de la ville. À mi-chemin entre classique et création, le dos de chevreuil, fèves tonka et coing acidulé y croise le saint-pierre confit aux agrumes.
Menus : 51-125 €
03 87 17 17 17
DERRIÈRE
Derrière une arrière-cour se niche une salle arty où se mêlent papier peint fleuri et mobilier chiné. Aux fourneaux, Anna, une mamma des Abruzzes, mitonne une cuisine des familles à base de risotto, saltimbocca, vitello tonnato…
03 87 66 23 63
THIERRY, SAVEURS ET CUISINE
Dans cet hôtel particulier du XVIe siècle, Thierry Krompholtz fait joyeusement fusionner la France, l’Asie et le Proche-Orient : soupe façon thaï, bouillon de volaille infusé au thé vert, crème coco et gambas ou pastilla de canard « comme à Marrakech »…
Menus : 22,50-39,50 €
03 87 74 01 23
LA MAISON FRESSON
Le chocolatier Franck Fresson, meilleur ouvrier de France, a installé sa boutique-salon de thé au cœur de la cité. En vitrine trônent les macarons, monts-blancs ou forêts-noires et sans doute la plus belle version de la star locale : le paris-metz.
03 87 36 28 17
_
METZ EN CHIFFRES
30.03.1844
Né à Metz en 1844, Verlaine n’a que six ans et demi quand il quitte sa ville natale pour Paris. Il en garde pourtant un souvenir très précis qu’il évoque avec passion dans plusieurs textes et poèmes. L’anniversaire de sa naissance est inscrit dans les rituels messins : chaque année, le 30 mars, un cénacle de poètes décore d’une cravate le buste de Verlaine qui fait face à la Moselle, sous l’Esplanade.
30 PONTS
Pour enjamber la Moselle, le canal et la Seille qui irriguent la ville, on ne compte ni plus ni moins que trente ponts. Les plus anciens, le grand pont et le moyen pont des Morts, ont été construits au XIVe siècle. Le plus récent, le Pont-Neuf de la Seille, inauguré en 2013, est réservé aux déplacements doux.
MIDI (ET DEUX)
Si un Messin vous donne rendez-vous entre midi, ne demandez pas « entre midi et quoi ? », mais comprenez que c’est « entre midi et deux ».
6 500M2
La cathédrale Saint-Étienne est la plus lumineuse de France avec 6 500 mètres carrés de vitraux et des verrières gothiques qui lui valent le surnom de « lanterne du bon Dieu ».
75 000 CHEVAUX
« Je veux une gare dans laquelle il sera possible de débarquer en 24 heures, 25 000 soldats, 75 000 chevaux et tout ce qui est nécessaire à cette armée » : ainsi l’empereur Guillaume II a-t-il passé commande de la gare de Metz. C’était en 1908 et l’Alsace et la Lorraine étaient annexées à l’Empire allemand. Avec une façade de granit clair de 300 mètres de long, la gare messine en impose, et son architecture, fleuron de l’art néo-roman germanique, lui donne un charme inattendu qui l’a fait élire « plus belle gare de France » en 2017.
1 640 HEURES
Plus qu’à Lille et Bruxelles, moins qu’à Paris et Strasbourg : le soleil brille 1 640 heures par an sur les terrasses messines.
OFFICE DE TOURISME
2 place d’Armes 03 87 39 00 00
Rédaction : Pascale Pisani (Culture), Charles Patin O’Coohoon / La Petite Écurie (Goût) Photos : La ville de : Michel Roth ©Grant Symon ; Culture : Arsenal Grande Salle avec public© Arsenal Metz en Scènes, Centre Pompidou-Metz © Shigeru Ban Architects Europe et Jean de Gastines Architectes, avec Philip Gumuchdjian pour la conception du projet lauréat du concours / Metz Métropole / Centre Pompidou-Metz, Jardin_Botanique©Jean-Claude Kanny – Moselle Tourisme ; Goût : La voile blanche © Olivier DANCY – Metz, Quiche lorraine©FomaA,; Brioche Tressée©TheCrimsonMonkey, Paris-Metz© Studio des fleurs ; Metz en chiffres : Entrée gare de Metz©Yvann K, Eglise du Temple Neuf©pictarena; Histoires de TGV Voyage à bord du TGV © Brigitte Baudesson / SNCF