À Montpellier, un laboratoire pour tester les intolérances alimentaires

Plus de quatre mois pour décrocher un rendez-vous. Quatre jours par semaine, le service d’exploration digestive fonctionnelle du CHU de Montpellier affiche complet, on s’y presse « de toute la région et au-delà », souligne Christine Rouel, aide-soignante, dont les matinées sont rythmées par le minuteur posé sur le Breathtracker, l’étrange machine qui analyse des tubes d’air expiré. Il faudra répéter l’opération quatre fois pour obtenir un résultat : allergique au lactose ou pas.

« Les gens arrivent avec un syndrome de l’intestin irritable qui leur pose de vrais problèmes, des ballonnements, des diarrhées, des douleurs abdominales… Tous pensent être intolérants au lactose ou au gluten. En désespoir de cause, les gastro-entérologues les orientent ici », explique Romain Altwegg, gastro-entérologue.

Des régimes pour rien

Dans la population générale, « 5 % des gens ont des colopathies, et parmi eux, un sur cinq aura une intolérance », indique le médecin, qui rappelle que l’être humain « est programmé pour devenir intolérant. Entre l’âge de 20 ans et l’âge de 30 ans, on peut perdre la lactase, l’enzyme qui permet de digérer le lait. » Loin « des messages véhiculés par les industriels » qui nous « abreuvent de publicités » sur l’intérêt du lait, promu “aliment santé” jusqu’à un âge avancé.

Au CHU de Montpellier, le verdict est implacable : le “Breathtest” mesure l’hydrogène expiré et témoigne de l’action des bactéries présentes dans le tube digestif, après absorption d’une dose de 50 g de lactose à jeun.

Si le lactose n’est pas digéré, les mesures s’envolent. « On se fait très vite une idée. Les “vrais” allergiques sont rapidement incommodés », constate Christine Rouel.

Thierry Mermet, un Gardois de 54 ans, s’est résolu à faire le test à force de « gonfler » à chaque bouchée avalée. Il dédramatise : « Ce n’est pas une maladie, c’est désagréable. » Il est plein d’espoir : « Si l’origine est une intolérance, mes problèmes sont réglés. » Demain, en fonction du verdict, il lèvera le pied sur le beurre et le fromage, sans totalement s’en priver. Sinon, il « continuera à chercher ».

Des pistes multiples s’ouvrent alors. « Ces colopathies peuvent aussi cacher une maladie cœliaque… que le grand public confond parfois avec une intolérance au gluten. Tout le monde se croit aujourd’hui intolérant au gluten, beaucoup font des régimes pour rien. C’est devenu un marché, qui nous amène des personnes dénutries parce qu’elles n’osent plus rien manger. Ils ont perdu quinze kilos ! Des vrais intolérants, il y en a 200 000 en France, on les détecte par une prise de sang », rappelle le docteur Altwegg.

Le médecin oriente aussi ses patients sur la piste des Fodmaps, ces sucres et hydrates de carbone qui provoquent des fermentations intestinales, et arrivent dans le colon sans être digérés. D’où les ballonnements. « Ils sont présents à l’état naturel dans beaucoup d’aliments, les pêches, le blé, les cerises, les choux… et sont utilisés dans l’industrie alimentaire. »

Pour les éliminer de son alimentation, inutile de s’affamer ou de s’imposer une hygiène alimentaire drastique. « On est très peu régime », insiste Romain Altwegg, qui conseille de revenir aux bonnes vieilles méthodes, basées sur le symptôme : « Essayez de penser à ce que vous avez mangé avant d’avoir des ballonnements, et voyez ce qui se passe quand vous supprimez cet aliment ! Suivez le régime qui vous convient. »


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